Lascaux

Limousin La Grotte de Lascaux Limousin

Une enquête de vos camarades de l'école Jules Ferry à Sarlat (Dordogne)
Amis-Coop 283, Septembre 1985
(photo Jean VERTUT)

IL Y A 17 000 ANS LES HOMMES DE CRO-MAGNON PEIGNAIENT LES FRESQUES DE LASCAUX

Une fabuleuse découverte


M. Laval, l'abbé Breuil, Marcel Ravidat et Jacques Marsal devant le trou de l'âne
Marcel Ravidat et Jacques Marsal, deux des jeunes découvreurs de Lascaux, devant le trou de l'Ane, en compagnie de leur instituteur, M. Laval, et de l'abbé Breuil (à droite), au début de l'automne 1940.
(Photo - Tous droits réservés. Ministère de la Culture. Conservation Régionale des Monuments Historiques - Périgueux).

Quelques jours après la découverte de Marcel Ravidat et de ses camarades, l'abbé Breuil arriva au trou de l'Ane, sur la colline de Lascaux.
L'abbé Breuil était le plus éminent spécialiste de la Préhistoire. Depuis quarante ans, il fouillait et étudiait toutes les grottes préhistoriques connues en France et en Espagne. Il fut ébloui par le spectacle qu'il découvrit à Lascaux. Tout de suite, il comprit le caractère exceptionnel de cette grotte. Jamais il n'avait observé d'aussi merveilleuses peintures de la Préhistoire. Leur état de conservation et la fraîcheur des coloris étaient remarquables.
Exceptionnelle aussi la taille des peintures : les taureaux blancs de la rotonde atteignent entre 5,50 m et 4 m de long !
Exceptionnelles encore la quantité et la variété des animaux représentés. Ainsi que la composition des fresques qui entremêle une foule d'animaux à des échelles très différentes.
Exceptionnelle enfin la qualité du dessin. On a l'impression que les animaux bougent, qu'ils sont en plein élan, qu'ils galopent, qu'ils bondissent ! Cette sensation est renforcée par la façon merveilleuse dont les artistes ont su exploiter le relief naturel des parois de la grotte.

L'Homme de Cro-Magnon

A la fin de la dernière époque glaciaire, il y a 40 000 ans environ, un Homme nouveau fait son apparition en Europe ; on le rencontre particulièrement au coeur de la France, dans le Périgord.
Il installe ses campements sous les surplombs rocheux qui sont nombreux dans la région. Sous l'un de ces abris, à Cro-Magnon (près des Eyzies), on a retrouvé en 1868 les premiers restes d'un homme de cette époque. Et le nom de ce lieu lui a été donné.

Le grand taureau noir
LE GRAND TAUREAU NOIR
Les fresques de Lascaux n'ont pas toutes été peintes à la même époque. Elles s'échelonnent sur plusieurs siècles. Ce grand taureau noir qui mesure quatre mètres de long est une des peintures les plus récentes. Le dessin aux proportions parfaites souligne la musculature de l'animal. Celui-ci est dessiné de profil, mais ses cornes sont vues presque de face. En observant attentivement la photo, vous remarquerez que ce taureau noir est superposé à deux peintures plus anciennes : une frise de bovidés jaunes dont on distingue les cornes au-dessus du taureau ; et une vache rouge dont la silhouette plus petite épouse l'encolure et le poitrail du taureau.

Les hommes de Cro-Magnon sont des chasseurs-collecteurs. Ils vivent de la chasse et de la récolte de baies, de graines, de certaines plantes, d'escargots... Ils imaginent de nouvelles techniques. Ils créent de nouveaux outils et de nouvelles armes : le propulseur, le harpon, l'aiguille, l'arc... Ils inventent la lampe à graisse, les premiers fours, de meilleurs vêtements.
Autre progrès, plus étonnant encore : l'Homme de Cro-Magnon découvre l'Art. Il fabrique les premières flûtes. Il réalise les premières gravures, dans la pierre ou dans l'os, les premiers modelages, les premières peintures enfin.

Comment peignaient les artistes de Lascaux

Au début, les hommes préhistoriques ne réalisèrent que des graffiti. Les plus anciens ont été tracés il y a 30 000 ans.
Les plus vieux témoignages de peinture sont des empreintes de mains, rouges ou noires, exécu-tées au pochoir. Plus tard, l'Homme de Cro-Magnon traça des figures grossières, maladroites, avec ses doigts barbouillés de terre colorée. Il grava aussi quelques dessins avec des stylets d'os ou de pierre.

Cervidés traversant une rivière
CERVIDÉS FRANCHISSANT LA RIVIÈRE
(photo Jean VERTUT)
L'artiste qui a tracé cette scène a remarquablement utilisé la forme du rocher qui fait songer au mouvement d'une vague. Seules sont dessinées les têtes et les encolures des cerfs, comme s'ils fendaient l'eau, cous tendus vers la rive à atteindre.

Progressivement, le dessin s'améliora, les couleurs s'enrichirent. Les peintures que l'on admire à Lascaux sont l'aboutissement de techniques qui se développèrent pendant 15 000 ans !
On a retrouvé dans la grotte des vestiges abandonnés par les peintres et les graveurs (outils d'os et de silex, lampes, colorants, charbons de bois, pollens) qui permettent de dater avec précision les peintures de Lascaux. La grotte a été fréquentée pendant une période relativement brève, aux environs de - 15 000 av. J.C. !
On suppose que les peintres de Lascaux utilisèrent des pinceaux en poils ou en fibres végétales. Peut-être des tampons de fourrure. Probablement aussi des sortes de chalumeaux, en os ou en bois creux, qu'ils remplissaient de peinture et qu'ils soufflaient sur les parois.
Ils se servaient de colorants naturels, terres qu'ils broyaient finement et délayaient dans de l'eau.
Pour éclairer leur travail, ils utilisaient des lampes à graisse. Plusieurs de ces lampes, simples pierres creusées, ont été retrouvées à Lascaux. On peut penser que le maître était secondé dans sa tâche par des apprentis qui l'éclairaient et préparaient les colorants, et par des aides qui dressaient et déplaçaient les échafaudages dont il avait besoin pour se hisser parfois à plusieurs mètres du sol.

Une grotte sanctuaire


Hommes préhistoriques dans une grotte
Hommes préhistoriques dans une grotte

Pendant la Préhistoire, les hommes n'habitèrent jamais dans des grottes. Seulement à l'entrée de celles-ci, et, plus souvent, sous ce qu'on appelle des abris, c'est-à-dire sous des surplombs de falaises. Et, pourtant, les peintures préhistoriques sont généralement au fond des grottes. On y accède par des passages étroits, tortueux, où parfois il faut ramper. Elles montrent presque toujours des animaux, des animaux que l'on chassait : bisons, aurochs, chevaux, mammouths, cerfs, rennes accompagnés de signes incompréhensibles. Les figures humaines sont très rares, maladroites et toujours stylisées, comme si les peintres de Cro-Magnon redoutaient de se représenter.
On pense que les grottes étaient des sanctuaires, des refuges sacrés et secrets de la tribu. On y pratiquait des cérémonies rituelles : danses, simulations de chasses, initiation des jeunes chasseurs, invocations magiques pour obtenir des chasses fructueuses, ou écarter les malédictions... Des sorciers, ou chamanes, dirigeaient probablement ces cérémonies qui se déroulaient aux sons des flûtes et des tam-tams.

La maladie verte

Lascaux offre un exemple sans équivalent de peintures préhistoriques conservées à la perfection. Cela est dû au fait que la grotte est restée fermée pendant 17 000 ans, jusqu'à ce qu'un orage arrache un arbre. On ne sait pas par quel passage les hommes de Cro-Magnon y pénétraient. Celui-ci a dû être bouché par un éboulement, peu de temps après les dernières peintures.
Mais l'ouverture de la grotte, en 1940, puis son éclairage et la visite qu'y faisaient des milliers de touristes, chaque année, sont venus modifier et polluer l'atmosphère ambiante.
En 1960, les savants s'aperçurent que des moisissures vertes commençaient à ronger les peintures. De semaine en semaine, les taches progressaient. Les plus belles fresques du monde étaient menacées. Alors, on décida de fermer Lascaux. Des biologistes étudièrent des échantillons de roche pour connaître la cause du mal. Un remède fut trouvé : on pulvérisa un mélange d'antibiotiques sur les parois de la grotte.
Aujourd'hui, Lascaux paraît sauvé. Mais il n'est plus possible d'ouvrir la grotte aux visiteurs.
Alors est née l'idée de créer une grotte identique. Et d'y reproduire fidèlement les plus belles peintures préhistoriques du monde. Ce fut Lascaux II.

Un homme moderne


La vache rouge
LA VACHE ROUGE
Paraissant bondir au-dessus d'une frise de poneys noirs, une vache rouge, colossale, se heurte à un croisillon de traits qui représente - peut-être - une barrière, et l'une des premières tentatives de domestication. (Photo Jean VERTUT)

Homme intelligent, l'Homme de Cro-Magnon est aussi un homme sensible. Il prend l'habitude d'enterrer ses morts après avoir peint, paré et fleuri leur dépouille. Ce qui prouve qu'il réfléchit à son destin.
Beaucoup de savants ne voient aucune différence entre l'Homme de Cro-Magnon et l'Homme moderne. Il mesure 1,72 m, en moyenne. Il a le front élevé, le menton saillant, un nez aquilin et de petites dents bien rangées. Son squelette ressemble à celui d'un Européen actuel. Son cerveau est aussi volumineux, et même parfois plus volumineux que le nôtre.
C'est probablement aussi l'Homme de Cro-Magnon qui a maîtrisé, le premier, le langage. Et cette conquête explique vraisemblablement l'évolution extraordinaire de l'humanité à cette époque, qui s'étend de - 36 000 à - 8 000 ans avant notre ère, et qu'on appelle le Paléolithique supérieur.

Lascaux, Cheval roux
Lascaux, Cheval roux

ART RUPESTRE ET PEINTURES PARIÉTALES

Parce qu'elles sont appliquées directement sur les parois des grottes, on désigne souvent les peintures et les gravures préhistoriques sous le nom d'art rupestre (en latin rupes = rocher), ou de peintures pariétales (en latin paries = paroi, muraille).

COMMENT ON A RECONSTITUÉ LA GROTTE DE LASCAUX

(photos École Jules-Ferry - SARLAT)

Reconstitution de Lascaux Reconstitution de Lascaux Reconstitution de Lascaux Reconstitution de Lascaux
Reconstitution de Lascaux

Vos camarades vous expliquent, à l'aide d'une maquette réduite, découpée dans des feuilles de polystyrène expansé, comment on est arrivé à reconstituer, au millimètre près, une copie de la grotte de Lascaux.
On effectue, sur place, dans la grotte que l'on désire reconstituer, des relevés photogrammétriques ultra-précis. Par tranches de 1 cm, la courbe du relief est enregistrée par un ordinateur.
Ensuite, dans un atelier, la silhouette de chaque tranche est reportée, grandeur réelle, sur une feuille de contre-plaqué que l'on découpe (1 et 2). Les tranches sont ensuite assemblées, dans l'ordre. Elles reconstituent l'ossature de la grotte (3 et 4).
L'ensemble est alors enduit au mortier par des sculpteurs qui reproduisent fidèlement les aspérités, les fissures, les bosses de la grotte originale. Pour recréer le grain et la couleur des rochers, on maquille les parois avec de la poudre de marbre et de quartz.
Enfin, des artistes spécialisés redessinent, millimètre par millimètre, les fresques peintes il y a 17 000 ans par nos lointains ancêtres. Ce long et minutieux travail a été mené à bien par Monique PEYTRAL,(que l'on voit sur la photo suivante), et une équipe de peintres qui ont étudié les techniques des artistes de la Préhistoire.

Lascaux, Taureau et Chevaux, peints par Monique Peytral
Monique Peytral

Ils ont poussé l'imitation jusqu'à rechercher dans la région les poudres minérales et les argiles dont avaient pu se servir les peintres de Lascaux : l'ocre jaune, le manganèse, l'hématite rouge.
Il a fallu sept ans de travail pour venir à bout des 150 m² de fresques reconstituées.